Reconstitution historique et photographie

Reconstitution historique et photographie.

Conférence illustrée de Yann Kervran, le 9 juin 2013 à Cassinomagus Parc archéologique.

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Yann Kervran est photographe, conseiller historique, médiateur culturel, reconstituteur médiéviste et romancier. Depuis février 2013, Cassinomagus accueille une exposition de ses photos de reconstitution : une première au plan national par la qualité et le nombre de photos présentées et aussi la durée de l’exposition qui sera prolongée jusqu’en 2014.

1 Définition de la reconstitution historique et archéologique

Yann Kervran commence par définir la reconstitution historique et ses relations avec l’archéologie expérimentale et la médiation culturelle. Des gens ordinaires fabriquent du matériel, des équipements, des costumes et vont les mettre en œuvre, en scène.

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La reconstitution moderne naît dans les années 1960 et traite de périodes historiques différentes.  Elle sert parfois à commémorer un événement historique, c’est le cas du reenactment anglo-saxon. On reconstitue en Angleterre, la bataille d’Hastings en 1066 ou en Russie, la victoire d’Alexandre Newsky sur les Teutoniques.

Les premiers reconstituteurs sont des collectionneurs d’objets : époque napoléonienne, Première guerre mondiale. Ceux qui travaillent sur l’Antiquité  fabriquent ou acquièrent des copies. La période médiévale est liée au monde du spectacle en France et à l’éducation populaire aux Etats-Unis. Les reconstitutions de batailles suscitent l’adhésion du public : on siffle Guillaume à Hastings et le maître teutonique en Russie. Le spectacle peut englober une chronologie longue comme la Cinéscénie du Puy du Fou. Le reconstituteur peut s’agréger à une troupe ou créer seul un personnage : un notaire du XVe s. avec son écritoire. Yann Kervran insiste sur le lien empathique. On incarne un personnage ou plusieurs puisque certains font du multi périodes.

Si la reconstitution est marquée par les militaria, la chose militaire, elle peut aussi s’appliquer au monde rural, comme la ferme de Xaintrie (Corrèze) avec ses paysans apiculteurs du XIIIe s. ou au monde de l’enfance avec des jouets de la même période reconstitués par une mère de famille. La reconstitution peut traiter de périodes récentes : les grèves intervenues dans les années 1980 sous le gouvernement Thatcher.

Cela présuppose une recherche documentaire sérieuse, parfois même pointue, les sources étant indissociables de la démarche. La reconstitution en tant qu’évènement public sert à valoriser des sites archéologiques : Saint-Romain-en-Gal, Grands jeux de Nîmes. La reconstitution devient un produit culturel qui commence à intéresser les media et la télévision.

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Certains pratiquent l’histoire vivante, en se concentrant sur le costume, la gestuelle. Ces pratiques peuvent être réservées aux seuls reconstituteurs en immersion le temps d’un week-end ou être ouvertes au public. La reconstitution opère au niveau social un brassage républicain éminent et salutaire. Une troupe peut réunir autour d’une même passion différentes professions : enseignant,  maçon, gendarme, comédien, cariste, cantonnier… Des individus ont acquis au fil du temps des connaissances, de l’expérience et une capacité de parler au public d’histoire et d’archéologie, de dialoguer entre eux et d’échanger facilement avec le public. On parle plus facilement à une personne en costume dans un cadre souvent festif, comme si le port du costume levait bien des blocages de type scolaire ou universitaire. Le costume n’est pas forcément obligatoire dans le cas de l’archéologie expérimentale où l’on va tenter de recréer des gestes techniques, des chaînes opératoires : métallurgie, tissage, utilisation du tour de potier. Des interactions se développent entre musées, archéologues et reconstituteurs.

Le reconstituteur veille à l’adéquation de son discours avec le public. Son action sert le travail de mémoire : comme figurer dans les commémorations de la guerre de 14/18. La reconstitution permet de rendre vivant des lieux historiques, archéologiques, facilite leur réappropriation par le public local et aide à la connaissance du patrimoine.

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La reconstitution a aussi ses travers : notamment le risque de repli identitaire ou de projection fantasmatique sur une période, un personnage. Ou encore l’approche caricaturale d’une période ou d’un type de personnage par manque de sources ou de recherche documentaires. Croyant faire du médiéval, on produit un ersatz assez médiocre. Dans un autre registre, la question de l’implication physique, sportive, se pose pour ceux qui pratiquent le combat, l’équitation. Jusqu’où peut-on aller ?

2 L’approche photographique

Yann Kervran livre une partie de sa démarche. Utiliser des focales longues, sans flash à distance et privilégier une approche naturaliste, comme pour la photo animalière*. Rappelons que la reconstitution met parfois à contribution des animaux dressés que Yann Kervran a photographiés : chevaux des Ambiani, des Portes de l’histoire ou éléphante de Carthago.

Yann Kervran se veut fidèle à l’image que les reconstituteurs se font de leur « travail », la plupart étant des bénévoles.  Certains clichés  surexposés privilégient le fond par rapport à la forme, il s’agit de saisir un instant de vie.

Cela n’exclut pas des séances de portraits en studio avec Les Ambiani ou la Legio VIII Augusta, des mises en scène : banquet dans le triclinium de Montans, présentation de tissage à Coriobona, le village des Gaulois d’Esse ou levée  de la dîme dans la ferme de Xaintrie.

3 La marche Autun-Bibracte-Alésia de la Legio VIII Augusta

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De 2010 à 2012, la troupe Legio VIII Augusta a effectué une marche expérimentale reliant Autun, Bibracte et Alésia, soit une distance de 120 km parcourue par un groupe de 8 hommes accompagnés de 2 mulets. Chaque légionnaire portait environ 40 kg d’équipement. Une des raisons de l’expérimentation était de savoir comment gérer le matériel, armes, boucliers, outils et bagages personnels. Pour le photographe, il s’agissait de se faire accepter et de prendre des clichés alors que les reconstituteurs sont fatigués, qu’ils peuvent éprouver une gêne à être pris en photo à ce moment-là.

La première année, Yann Kervran a accompagné le groupe de marcheurs une journée seulement, puis une semaine l’année suivante, faisant des repérages au GPS. Des liens se sont créés avec les légionnaires de la VIIIe. Les images de reconstitution dans un cadre naturel créent aussi des liens avec les collectivités locales, servent à la promotion du Morvan et de la Bourgogne. La présence des reconstituteurs permet d’animer de façon ponctuelle des sites archéologiques en partenariat avec l’Inrap et remporte aussi l’adhésion des populations locales, d’abord intriguées puis franchement enthousiastes.

Yann Kervran conclut en insistant sur le brassage républicain, les échanges transversaux entre reconstituteurs travaillant sur différentes périodes et l’ouverture vers le grand public.

Bibliographie :

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La vie d’un guerrier gaulois / texte Ludovic Moignet, photos Yann Kervran. Calleva, 2011. (Reporter du temps)

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Autun-Bibracte-Alésia : L’aventure de la marche expérimentale romaine / texte Legio VIII Augusta, photos Yann Kervran. Calleva, 2013. (Reporter du temps)

*Aucun reconstituteur n’a été maltraité pendant les prises de vues.

© texte, Jean-Paul Brethenoux ; photos Jean-Paul Brethenoux ; Yann Kervran ; couvertures livres Calleva éditions.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ta mort sera la mienne

Ta mort sera la mienne

Ta mort sera la mienne / Fabrice Colin. Sonatine Éditions, 2013. 346 p. ISBN 978-2-35-584-179-8. 20 €.

Mon résumé :

Dans le motel de Red Cliffs Lodge, au bord de la rivière Colorado, près de la ville de Moab, dans l’Utah, a débuté un séminaire de littérature pour étudiants californiens : discussions, écriture, piscine et confort…

Parmi eux, Jillian et Karen Emerson, sa conseillère d’éducation, réfugiées dans une chambre, scrutent l’obscurité, sursautent à chaque détonation. Parce que le massacre a déjà commencé et qu’Il les cherche. Armé d’un fusil à pompe, un motard casqué abat chaque étudiant, chaque personne traversant son champ de vision. Les secours pourraient arriver de Grand Junction dans l’état voisin du Colorado. Même si les téléphones ne fonctionnent plus, les flics ont reçu la copie d’un mail. Donald Crossen, 59 ans, bientôt à la retraite, est prévenu. Il connaît les lieux, il va faire son devoir… «Because you’re mine, I walk the line.»

« Il existe deux sortes de livres, déclarait Elaine. Ceux qui entendent vous rassurer, et ceux qui creusent votre peur en vous montrant la vie telle qu’elle est. »

Le lecteur de Ta mort sera la mienne, deuxième thriller de Fabrice Colin publié chez Sonatine Éditions, après Blue Jay Way, sait très vite, dès les premières pages, à quoi s’en tenir. Avant de rédiger ce compte-rendu, j’ai parcouru plusieurs recensions de Ta mort sera la mienne, en liens sur la page Facebook du roman. Thriller, roman noir, western, récit ésotérique, héros anti christique…, le roman est tout cela et plus encore.

Quelque mots sur l’écriture et la structure : trois personnages, trois personnes grammaticales : je, tu, elle. Donald, Troy, Karen, trois destins enchevêtrés se rejoignent dans un paroxysme de violence. Le récit est complexe, oscillant entre narration linéaire et flashback récurrents, obsessionnels. Le style est sobre, nerveux, efficace, totalement maîtrisé. Fabrice Colin vise juste. On ne lâche pas le livre une fois commencé, tellement la tension est forte.

Une bande-son éclectique accompagne une narration haletante et convulsive : Amy Winehouse, The Who, Billie Holiday, Nina Simone, Bowie et ce bon vieux Johnny Cash… De la musique très cool et des scènes dures, parfois insoutenables. Ce qui frappe, c’est la charge émotionnelle assortie d’une vision, celle d’une Amérique violente, hallucinée et mythique.

Chaque lecteur applique consciemment ou non ses propres grilles de lecture. Sans vouloir tenter une comparaison terme à terme qui serait abusive, deux livres me viennent à l’esprit. D’abord, Sur la route de Jack Kerouac, où de jeunes marcheurs, poètes fous et prophètes en devenir, cherchaient l’or au pied de l’arc-en-ciel.

Le second moins connu, malgré son titre emprunté aux Rolling Stones, est le premier  roman autobiographique de Kent Anderson : Sympathy for the devil. Un étudiant en littérature s’ennuie dans son campus : il s’engage dans l’armée et rejoint le Vietnam et les Bérets Verts. Il découvre la guerre, l’enfer et surtout commence à percevoir la réalité d’une Amérique qui exerce moins son impérialisme qu’elle ne cherche à imposer son mode de vie, l’American Way of Life. Lequel est fondé sur une altération de la relation primordiale de l’homme avec le monde.

Quel rapport avec Ta mort sera la mienne ? Le roman s’inscrit dans une continuité. Fabrice Colin nous raconte l’Amérique d’après. Celle des années 1980 à 2012, avec le 11 septembre en filigrane, une Amérique qui saigne de l’intérieur !

Fabrice Colin nous rappelle avec une insistance subtile que ce pays s’est bâti sur le génocide des Amérindiens. Donald, une sorte de John Wayne, obèse et alcoolique, en quête de rédemption, commande ses policiers, des Navajos. Le cadre où furent tournés de nombreux westerns est majestueux, grandiose, primordial, avec ses montagnes ocre rouge, ses canyons et ses plaines ventées.

Les mesas sont les temples d’anciens dieux oubliés. Les cris des coyotes retentissent la nuit, dans le désert sec et froid, planté de cactus. L’homme doit préserver le hozho, terme navajo désignant l’équilibre qui équivaut au dharma bouddhiste des Tibétains. On songe aux Clochards célestes de Kerouac…

Sauf que de l’autre côté, là-bas, où sont arrivés les Blancs, la bible d’une main et le fusil de l’autre, il y a la Floride et son chapelet d’îles, les Keys. Un monde chaud et humide, des îles paradisiaques, antédiluviennes, peuplées de cerfs, de pélicans, de singes hurleurs et de crocodiles aux yeux emplis de gratitude.

Troy est né dans une de ces îles, où de faux gourou mêlant des versions adultérées du christianisme et du bouddhisme, ont perverti le dharma et engendré le Mal. Troy entend des voix… dans sa tête. Le monde est promis au Feu du Ciel. Troy est le Messager. Modeste cavalier de l’Apocalypse, casqué et botté de noir, il enfourche sa Harley, traverse les états, rejoint la biblique Moab et la foudre jaillit de ses shotgun calibre 12.

Dans sa poche, un cahier manuscrit au titre prophétique, Après l’empire : «Il y avait l’orage et les fauves, les guerres et les tempêtes, des reptiles longs comme un soir d’été vagissaient le long des hummocks en attendant leur heure et les Indiens, les Timucua, Calusa, Tequesta, les Indiens tournés vers l’est s’efforçaient de déchiffrer les signes avec la certitude paisible qu’ils n’y parviendraient jamais.»

Bonne lecture et surtout ne marchez pas là où le serpent a dormi !

Jean-Paul Brethenoux

3 livres de Patrice Lajoye

Trois livres de Patrice Lajoye

Né en 1974, Patrice Lajoye travaille au CNRS, à la Maison de la Recherche en Sciences Humaines (Université de Caen). Il est docteur en histoire des religions (Université de Charleroi, Belgique) et a dirigé pendant plusieurs années la revue de Mythologie française.

Patrice Lajoye est aussi traducteur du russe et anthologiste. Il travaille en collaboration avec son épouse Vicktoriya à mettre à disposition des lecteurs francophones des textes issus des littératures de l’imaginaire. Il peut s’agir de littérature russe moderne, La Loi des Mages de Henry Lion Oldie, Mnémos, 2011 ou de textes traditionnels comme le recueil de bylines (chants), Ilya Mouromets et autres héros de la Russie ancienne, paru chez Anacharsis en 2009.

Le présent billet souhaite contribuer à faire connaître plus particulièrement trois livres de mon ami Patrice Lajoye. J’ai fait sa connaissance (virtuelle), il y a plus de 13 ans, sur le forum de l’arbre-celtique. Le domaine celtique qu’il s’agisse de la Gaule indépendante et gallo-romaine ou des littératures insulaires (de transcription médiévale) de l’Irlande et du Pays-de-Galles constitue un champ de recherches et d’investigations que nous explorons tous les deux depuis des années, j’ai commencé pour ma part en 1973-1974. Les angles d’approche sont multiples et variés : histoire, langue, épigraphie, numismatique, religion et archéologie. Patrice Lajoye a d’ailleurs participé à plusieurs chantiers de fouilles, menées scientifiquement. Je tiens à souligner la richesse, l’originalité et la clarté du propos tout comme le sérieux de la démarche de Patrice Lajoye.

Des dieux gaulois. Petits essais de mythologie / Patrice Lajoye. Budapest Archaeolingua, 2008. 240 p. (Series Minor ; 26).

ISBN 978-963-8046-92-5

Ce volume d’essais, érudit et agréable à lire, est tout simplement excellent. Il s’inscrit dans une longue continuité interdisciplinaire partant des travaux de Paul-Marie Duval jusqu’à ceux de Claude Sterckx et Bernard Sergent, en passant par les écrits de Georges Dumézil ou de Christian-J. Guyonvarc’h et Françoise Le Roux, tout en s’appuyant sur les recherches archéologiques récentes.

Mythologie celtique et légendaire français. Recueil d’articles. 2008-2012 / Patrice Lajoye. Lisieux : P. Lajoye, 2012. 141 p.

ISBN 978-1-291-17644-5

Dans le prolongement du premier recueil d’essais, en se recentrant sur le folklore français et l’hagiographie (la vie des saints), ce petit volume ouvre des pistes étonnantes. Qu’il s’agisse de Hellequin, un dieu aux bois de cerf et du Dagda, le Jupiter irlandais, de Lug, le grand dieu celtique et Saint-Martial de Limoges, de l’Héraclès gaulois, du bon géant Gargantua ou encore de ces récits de têtes coupées et de morts décapités qui marchent, chaque article ouvre une piste nouvelle. Que l’on peut suivre ou pas. Ainsi, à la fin du volume, le petit texte sur les vampires gaulois ne m’a pas vraiment convaincu. En revanche, je partage l’un des points de vue de l’auteur : les anciens dieux, les dieux païens, survivent dans le folklore et même jusque dans la vie des saints !

Religions et cultes à Lisieux (Normandie) dans l’Antiquité et au haut Moyen Âge. (Ier avant J.-C. au VIIe siècle après) / Patrice Lajoye. Lisieux : P. Lajoye, 2012. 2e édition revue et augmentée. 74 p. : cartes, ill. en coul.

Pour finir cette petite présentation de Patrice Lajoye, un album illustré en couleurs, consacré à Lisieux, sa ville natale. Bien avant d’être le sanctuaire de sainte Thérèse, Lisieux a été Noviomagus Lexoviorum, le Nouveau Marché des Lexovii, les Lexoviens, ce peuple gaulois de Normandie, compté au nombre des Armoricains par César, voisins et alliés des Aulerci Eburovices (Evreux) et des Veliocassi (Rouen et Vexin).

A travers l’étude des monnaies, de la toponymie, des inscriptions, des monuments gallo-romains : aqueduc, théâtre, sanctuaire, reliefs et autels, c’est une part de l’histoire religieuse du peuple gaulois des Lexoviens et de son centre administratif qui se dévoile depuis le temps de l’indépendance jusqu’au Bas-Empire romain et au début du Moyen Âge.

 

Expo photo Yann Kervran à Chassenon

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RECONSTIT’ le passé pour présent. Exposition photos de Yann KERVRAN

Du 16 février au 23 novembre 2013 à Cassinomagus Parc archéologique (16500 Chassenon).

Le vernissage de l’exposition RECONSTIT’ le passé pour présent a eu lieu samedi 16 février à l’invitation de MM. Yann Kervran, Jean-Marie Judde, président de l’Établissement Public de Chassenon, Jean-François Feunteun, directeur de l’Établissement Public de Chassenon et de Patrick Boos, président de l’association Les Gaulois d’Esse.

Avec près de 80 clichés, grand format ou panoramique, sur le thème de l’Antiquité, Cassinomagus Parc archéologique met à l’honneur en 2013, l’archéologie expérimentale et la reconstitution.

Cette exposition mêlant des thématiques complémentaires se déploie sur deux lieux distincts :

–      au pavillon d’accueil : centurions, marche expérimentale Autun – Bibracte – Alésia, cérémonie romaine (Legio VIII Augusta) ; guerriers gaulois, vie quotidienne, artisanat (Les Ambiani) ainsi que des vitrines contenant des pièces archéologiques des collections de Chassenon (Charente), de Rochechouart et Saint-Gence (Haute-Vienne) et des artefacts reconstitués par Patrick Boos, Archeo Reconstit’, Ucuetis et Les Gaulois d’Esse.

–      dans les thermes (unctorium) : deux séries de clichés présentant le village gaulois de Coriobona (16500 Esse) et les rituels de la mort chez les Gaulois au 1er siècle av. J.-C. par la troupe Les Ambiani.

Pour compléter cette thématique, une évocation de la sépulture gauloise de Boiroux commune de Saint-Augustin (Corrèze) a été mise en place par l’association Les Gaulois d’Esse avec le concours de la mairie de Saint-Gence, de la D.R.A.C. du Limousin et de MM. Guy Lintz et Serge Roux.

La salle de projection du pavillon d’accueil abrite une exposition de l’Institut national de recherches archéologiques préventives sur le thème des artisans et des métiers gaulois, illustrée par 3 documentaires, réalisés par l’I.N.R.A.P.

Dans la galerie photo, les couvertures de deux livres en relation avec les expositions de Chassenon.

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Rencontre avec un écrivain remarquable

Rencontre avec un écrivain remarquable

Vendredi 8 février 2013, à 18h30, la médiathèque municipale de Saint-Jean-d’Angély recevait, en ses murs de l’Abbaye Royale, l’écrivain Fabrice Colin. Cette animation tout public s’inscrivait dans le cadre de l’opération Rencontres Écrivains en 17, organisée par l’association Larochellivre Écrivains en 17, représentée par M. Jacques Charcosset, en partenariat avec le collège Georges-Texier et le Conseil Général de Charente-Maritime. La table de librairie était tenue par La Plume Enchantée de Saint Jean d’Angély.

Né en 1972, Fabrice Colin écrit aussi bien pour les adultes, les enfants ou les adolescents. Auteur de jeux de rôles, pigiste puis collaborateur de la revue Casus Belli, il publie son premier roman Neuvième cercle en 1997 , à l’initiative de Stéphane Marsan, fondateur des éditions Mnémos. Trois fois lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire, Fabrice Colin a déjà produit une quarantaine de titres : romans, albums, recueil de nouvelles, scénarii de BD, pièces radiophoniques. Ces œuvres relèvent des littératures de l’imaginaire : fantastique, réalisme magique, fantasy, SF, steampunk, thriller.

J’ai découvert Fabrice Colin en lisant Élric, les Buveurs d’âmes, Fleuve Noir, 2011, roman écrit en français, en collaboration avec l’écrivain Michael Moorcock. Reprendre les aventures de ce personnage mythique était en soi un défi tout comme celui de collaborer avec son créateur. Michael Moorcock est un écrivain connu dans le monde entier, dont l’influence littéraire va bien au-delà des cercles de la fantasy et de la SF. D’emblée, j’ai été séduit par l’efficacité et l’élégance de l’écriture de Fabrice Colin, une écriture teintée de poésie que l’on retrouve dans son thriller Blue Jay Way, sorti en 2012, chez Sonatine éditions. Lecteur régulier de son blog the golden path, guettant ses micro-fictions sur Twitter, je n’ai pu résister à l’envie de prendre la route de Saint-Jean-d’Angély pour le rencontrer.

Pendant 1h30, Fabrice Colin nous a parlé de livres, de son travail d’écrivain et de techniques d’écriture. Les siennes et celles d’auteurs qu’il apprécie comme Bret Easton Ellis, American Psycho ou Haruki Murakami, 1Q84. Dans le prolongement de ses rencontres et ateliers d’écriture dans les collèges, Fabrice Colin explique que deux grandes tendances prédominent : partir d’une phrase qui sonne bien et continuer ou bien construire un plan avec un début, un milieu, une fin. Lui-même a choisi le plus souvent cette seconde option. Il insiste aussi sur l’importance de bien distinguer, dans un roman, le sujet du thème. Si le sujet résulte d’un choix, souvent inhérent au genre traité : vampires, anges, tueur, le thème qui se dégage de la fiction relèverait plus de l’inconscient. On ressent un refus de se livrer à une analyse personnelle trop poussée : quelque chose écrit. Fabrice Colin explique cependant qu’il lui arrive d’inclure des fragments de rêves dans ses récits. Toujours à propos de l’inspiration et d’un manque éventuel, il répond que c’est plutôt le trop-plein qui le gêne. Au cours de la discussion, l’auteur indique quelques uns de ses référents culturels : l’influence de la pensée bouddhiste, le devenir post-mortem, le vide laissé en Occident par la mort de Dieu, la religion. Lorsque Jacques Charcosset mentionne le roman Kathleen, Atalante, 2006,  inspiré par la vie de l’écrivain Katherine Mansfield, surgit la figure ambiguë de Georges I. Gurdjieff, le maître venu d’Orient. A titre d’exemple, le Livre des morts tibétain a fortement inspiré la thématique de son roman pour adolescents, 49 jours, Michel Lafon, 2012.

Comme pour tempérer ces thématiques un peu sombres, Fabrice Colin possède un sens de l’humour (noir) très aiguisé : mimant avec un sourire carnassier le meurtre de Cymoril par l’épée maudite d’Élric, il conclut par un « Oups ! » désopilant.

Pour finir, un grand merci aux organisateurs de cette rencontre, à mes collègues bibliothécaires, Marie-Françoise, Mireille et  l’équipe de la médiathèque de Saint Jean d’Angély et bien sûr, à Monsieur Fabrice Colin. Son prochain thriller, Ta mort sera la mienne, sortira en mars 2013, chez Sonatine éditions.

Jean-Paul Brethenoux

Crédits photos et illustrations : Fabrice Colin par Patrick Imbert ; Blue Jay Way, Fabrice Colin, Sonatine éditions ;  Élric, les Buveurs d’âmes, Michael Moorcock, Fabrice Colin ;  illustration de Brom, Fleuve Noir.

 

 

 

Gergovie, archéologie d’une bataille

Gergovie, archéologie d’une bataille de David Geoffroy, Court-jus Production

Réalisation, scénario, production par David Geoffroy

Documentaire – HD – 67 minutes

Contact : Court-Jus Production

Grandes lignes de l’intrigue :

« 52 avant J.-C. : la Gaule voit s’affronter les légions romaines de Jules César et une coalition de peuples gaulois, menée par le chef arverne, Vercingétorix.

Victoire éphémère de Vercingétorix sur César, la bataille de Gergovie est entrée dans la légende.

Nées au XIXe siècle, les polémiques sur la localisation des sites de la guerre des Gaules tel que Gergovie, font encore régulièrement la une des journaux.

Pourtant, les recherches archéologiques conduites ces dernières années, laissent peu de doutes aux archéologues quant à la localisation de cette fameuse bataille… »

Avec la participation (par ordre d’apparition) de :

Vincent Guichard, Christian Goudineau, Matthieu Poux, Yann Deberge, Pierre Caillat, Thomas Pertlwieser et Ulysse Cabezuelo

Avec la collaboration de :

– Collège de France

– BIBRACTE

– PAX AUGUSTA

– LES GAULOIS D’ESSE : Pascal Allard, Freddy Baussant, Geneviève Boos, Hélène Boos, Patrick Boos, Jean-Paul Brethenoux, Nathalie Burgun, Sonia Caillon, Karl Chantegros, Thierry Chantegros, Tristan Chantegros, Marianne Dalton, Jonathan Durand, Florence Faure, Clotilde Garnier, Alain Gauthier, Guillaume Gibeau, Thomas Lefranc, David Peigné, Gwendoline Peigné, Philippe Peigné, Xavier Przyborowski, Maxime Tisseuil, Chanaan Vergne, Julien Vergne, Saïan Vergne, sans oublier nos petits chevaux Dark et Mandu.

– Les Ambiani

– L’Association pour la Recherche sur l’Âge du Fer en Auvergne (ARAFA)

– Le Laboratoire Universitaire d’Enseignement et de Recherche en archéologie Nationale (LUERN)

– l’Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives)

– la Maison de Gergovie

Avec le soutien de :

– Conseil régional d’Auvergne

– Conseil général du Puy-de-Dôme

– Gergovie Val d’Allier Communauté

Récompenses  :

-Prize for Archaeological Reporting – AGON, International Meeting of Archaeological Film of the Mediterranean Area… and beyond, Athènes 2012

-Prix DRAC Picardie «Meilleur documentaire d’archéologie métropolitaine», festival du film d’archéologie d’Amiens – 2012

-Grand Prix du festival KINÉON, festival international du film archéologique de Bruxelles – 2011

-Prix du public du festival Airchéo, festival du film archéologique de Toulouse – 2011

-Prix AMN du “meilleur film d’archéologie à petit budget” au VIIe festival international du film d’archéologie de Nyon (Suisse) – 2011

– « Prix du meilleur film pour son apport scientifique », lors du 13e festival Icronos, festival international du film d’archéologie de Bordeaux -2012

Un grand merci à David Geoffroy et à tous ses partenaires, ce fût un plaisir de participer à cette aventure !

Big Sur de Jack Kerouac

La bande-annonce de Big Sur, le film de Michael Polish adapté du livre de Jack Kerouac, incarné par Jean-Marc Barr, a été présentée à l’occasion du festival de Sundance aux Etats-Unis.

“Big Sur de Jack Kerouac, le film sur Myboox”

Un poème de Jack Kerouac extrait de  Mexico City Blues :

111e Chorus

In dropping all false conceptions

      of anything at all

I even dropped my conception

      of highest old wisdom

And turned to the world,

      a Buddha inside,

And said nothing.”

“En écartant toutes les conceptions fausses

de n’importe quoi

J’ai même écarté ma conception

de la plus haute et parfaite sagesse

Et me suis tourné vers le monde

un Bouddha à l’intérieur

Et n’ai rien dit.”

Mexico City Blues I.  par Jack Kerouac. -10/18, 1978, traduction de Pierre Joris.

Le mot chorus fait référence au solo des saxophonistes de jazz , en l’occurrence ici Charlie Parker. Kerouac cherchait à restituer /retrouver le phrasé des musiciens de Be-bop à travers son écriture poétique.

 

 

 


Borderline

«Sache, ô Prince, qu’entre l’époque qui vit l’engloutissement de l’Atlantide et celle de l’avènement d’Arthur, il y eut un Âge insoupçonné, au cours duquel, des royaumes resplendissants s’étalaient à la surface du globe tels des sayons bleus sous les étoiles : l’Égypte et ses tombes protégées par les ombres, la Perse dont les cavaliers étaient vêtus d’acier, de soie et d’or, l’Étrurie avec ses femmes aux cheveux noirs, la Grèce, Tartessos, Carthage, Rome… Mais le plus illustre des royaumes était la Celtique, dont la suprématie était incontestée dans l’Occident rêveur. C’est de cette contrée que vint Sedullus, le Lémovice – cheveux grisonnants, regard sombre, épée au poing, un pillard, un tueur, aux accès de mélancolie tout aussi démesurés que ses joies – pour fouler de ses bottes les trônes de la Terre. “Let me tell you of the days of high adventure ! » Chroniques héduennes.

Librement pastiché d’après Robert Erwin Howard et John Milius.

 

 

 

Citations celtiques

Citations celtiques

Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s’exercer à la bravoure.

Diogène Laërce. Vies et doctrines des philosophes illustres,  à propos d’un enseignement des druides.

trinoxtion Samoni sindiu” “la fête des trois nuits de Samonios aujourd’hui” Calendrier gaulois de Coligny.

Tongu do dia toinges mo thúath.” “Je jure par le dieu que jure ma tribu.”

Formule traditionnelle irlandaise. Joseph Vendryes. Lexique étymologique de l”irlandais ancien.

Kement mañ oll oa d’an amzer pa endevoa c’hoazh dent ar ier.” “Tout ceci se passait au temps où les poules avaient encore des dents.”

Formule traditionnelle d’introduction des conteurs bretons collectée par François-Marie Luzel.

As midetar fir iar febaib.” “Par où on mesure le vrai selon l’excellence.”

Dialogue des deux sagesÉdition par Whitley Stokes, traduction par Christian-J. Guyonvarc’h 

“Nata uimpi, curmi da !”  “Belle fille, donne de la bière !”

Inscription gauloise sur fusaïole (peson de fuseau), trouvé à Autun, traduction par Xavier Delamarre. Dictionnaire de la langue gauloise.

 

Imram Brain extrait

Imram Brain extrait :

« Carpait ordí iar Maig Réin

taircet la tule don grein,

carpait airgit i Maig Mon

ocus crédumi cen on. »

« Des chars d’or sur la plaine marine

S’élèvent avec la marée jusqu’au soleil,

Chariots d’argent sur la plaine de Mon,

Et du bronze sans défaut. »

« Imram Brain » « La Navigation de Bran » d’après Légende par Alan Stivell, 1983, traduction de l’irlandais médiéval Eamonn Ò Ciosain ; documentation Pierre-Yves Lambert.
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