Les mercenaires celtes en Méditerranée : Ve-Ier siècles avant J.-C.

Les mercenaires celtes en Méditerranée : Ve-Ier siècles avant J.-C

Luc Baray. Lemme, 2015. (Illustoria).

Du Ve siècle à la fin du Ier siècle av. notre ère, des milliers de Gaulois, Celtes danubiens et Galates, fantassins et cavaliers, servirent par contingents entiers dans les armées méditerranéennes comme mercenaires ou alliés. Les généraux de Carthage, Hamilcar et Hannibal, Denys de Syracuse, tyran grec de Sicile, les rois grecs d’Asie mineure, de Syrie, de Palestine et d’Égypte, Cléopâtre et Hérode le Grand de Judée, furent leurs employeurs.

Réputés pour leur bravoure au combat, équipés de la lance, de l’épée de fer et d’un grand bouclier ovale, du casque et de la cotte de mailles, leur cou cerclé du torque, les mercenaires celtes furent de tous les conflits et de toutes les batailles en Italie, en Afrique du Nord, jusqu’au Proche-Orient. La conquête de la Gaule par César mit un terme au mercenariat celtique ; les Gaulois devenant des auxiliaires des légions romaines à partir de cette époque.

Jean-Paul Brethenoux

Delirium par Philippe Druillet

Delirium : autoportrait / Philippe Druillet avec David Alliot. Les Arènes, 2014.

28 juin 1944, Druillet naît le jour où Philippe Henriot est abattu par des résistants. Victor Druillet, franquiste et chef milicien du Gers, l’a prénommé en hommage au secrétaire à la Propagande de Vichy. L’enfance, c’est l’Espagne franquiste, le Gers après la mort du père, la pauvreté à Paris, la mère, fasciste indéfectible et la grand-mère bienveillante.

L’école est pénible. Druillet dessine. Il dévore : bandes dessinées, ciné, SF, Lovecraft, Doré et Moreau. 1964, l’apprenti photographe porte ses planches au journal « Pilote ». René Goscinny publie. Druillet illustre « Elric le nécromancien » de Michaël Moorcock. « Les 6 voyages de Lone Sloane », « Yragaël », les cadres explosent. SF et heroic fantasy : « Métal Hurlant » sort en 1974.

« La Nuit », opéra rock libertaire naît dans la douleur. Son épouse Nicole se meurt. L’alcool et la drogue nourrissent et empoisonnent longtemps l’artiste aux multiples facettes : BD, illustration, photo, peinture, cinéma, infographie, sculpture, architecture, décors de télévision et d’opéra. Travailleur acharné, Druillet met sept ans pour adapter « Salammbô » de Gustave Flaubert. Sloane, l’antihéros aux yeux rouges, hante désormais « La Divine Comédie » de Dante.

Jean-Paul Brethenoux

Hexagone : notes de lectures

Le présent billet rassemble mes notes de lecture sur Hexagone, livre de Lorànt DEUTSCH, paru chez Michel Lafon en septembre 2013.

Hexagone : Sur les routes de l’histoire de France / Lorànt Deutsch ; avec la complicité d’Emmanuel Haymann. Neuilly-sur-Seine : Editions Michel Lafon, 2013. 458 p. ISBN : 978-2-7499-1783-2. 18,95 €. Illustration : © Lorànt Deutsch, Michel Lafon, photo de couverture Greg Soussan.

Ces notes portent principalement sur la première moitié de l’ouvrage qui  traite de la protohistoire de la France, de la Gaule celtique et gallo-romaine jusqu’à l’Antiquité tardive.

L’ensemble du livre est divisé en 26 chapitres ; le titre de chapitre est constitué d’une mention de période historique, du thème principal et d’un itinéraire accompagné d’une petite carte au format vignette.

Exemple : 1, VIe siècle avant notre ère. Des émigrés bien accueillis. De Marseille à la Bourgogne par la route de l’étain.

L’acheteur du présent volume de vulgarisation historique est plutôt favorable à ce type de découpage. Les chapitres sont courts, la lecture agréable. Des encadrés précisent des éléments historiques ou archéologiques.

Celui du chapitre 1 concernant Marseille mentionne les fouilles du Vieux-Port, menées en 2005, par l’INRAP, l’Institut national de recherches archéologiques préventives. On se dit que la démarche est sérieuse, documentée…

Lorànt Deutsch aime les légendes, en particulier celle de la fondation de Marseille par les Phocéens (des Grecs d’Asie), accueillis par les Ségobriges (des Ligures). Gyptis, fille du roi Nann, choisit le Grec Protis pour époux en lui offrant une coupe d’eau ! L. Deutsch cite Aristote, dans l’encadré, la source première, reprise par Justin et Athénée de Naucratis (qu’il ne mentionne pas).

L’auteur amoureux des légendes ne résiste pas à nous fournir le menu de la noce, Hexagone,  p. 20 : « Les mets les plus délicats se succèdent, fines tranches de veau froid, charcuteries, pâte de moelle et de jaune d’œuf, gelée de groins, faisans gras… et les timbales à peine vidées sont remplies de cervoise parfumée de feuilles de menthe. »

Sans vouloir faire trop de mauvais esprit, il faut rappeler que le festin se situe vers 600 av. J.-C. et que l’on peut exprimer un léger doute sur le faisan gras. Pour deux raisons, le gibier n’est jamais gras et la présence de faisan (de Colchide) à Marseille à cette époque reste problématique.

Ce détail ne porte pas à conséquence et encore moins à polémique. Le lecteur peut simplement se dire qu’il vient d’entrer en littérature.

Au chapitre 2, Lorànt Deutsch évoque la Grande Dame, la princesse de Vix, Bourgogne, VIe s. avant J.-C. Il décrit la ville et le palais, il a connaissance des fouilles récentes menées en 2007.

« Deux vastes pièces sont destinées aux banquets, tandis qu’à l’extrême pointe de l’édifice, on vient invoquer les divinités bienfaisantes qu’on vénère et les démons cruels qu’on redoute. » Hexagone,  p. 36. En une seule phrase L. Deutsch vient de glisser de l’archéologie à l’heroic fantasy !

Parce que s’il est évident que les spécialistes du culte de la quasi-totalité des religions invoquaient la ou les divinités bienfaisantes, l’invocation des démons ou de divinités malfaisantes pose problème. Parce que invoquer un dieu ou un démon, c’est l’appeler, le faire venir !

Il reste des traces de cela dans le folklore du XIXe s. notamment en Bretagne où le diable, an diaoul, est désigné sous le sobriquet de Paulig, (Petit-Paul) . On ne le nomme pas par son nom et surtout on le fait le moins souvent possible.

« _ Ma parole et celle de Taranis, ma parole et celle de Belisama, leurs paroles saintes mêlées à ma parole…

Diadème d’or sur la tête, drapée dans sa tunique écarlate teintée à la racine de garance, la Grande Dame module se oraisons, implorant le dieu guerrier, appelant la déesse et son arc redoutable. » Hexagone, p. 36.

Sans vouloir chipoter sur le choix de la couleur rouge, plus liée à l’aspect guerrier que souverain chez les Celtes et les Gaulois, ni sur la mention de Taranis et de Belisama, authentiques divinités gauloises, aux attestations plus tardives, quelques détails m’interpellent.

Taranus, « l’orage », est considéré par plusieurs historiens des religions comme le dieu souverain, équivalent gaulois du Jupiter latin, se manifestant par la foudre et le tonnerre, cf. le vieux-breton, taran = tonnerre.

Les dieux de la Gaule

Des dieux gaulois

 

L’aspect guerrier du dieu a été cependant retenu par Jan de Vries, La religion des Celtes. Payot. Toutatis, Ogmios ou Smertrios, équivalent d’Hercule, correspondraient peut-être plus à l’aspect guerrier recherché.

L’arc de Belisama évoque celui de Diane ou d’Artémis. Or c’est à Minerve que Belisama a été assimilée à l’époque gallo-romaine. La lance conviendrait donc mieux ici.

Poursuivons la lecture, Hexagone, p. 36.

« Elle psalmodie les formules consacrées dont le pouvoir conjure les maléfices et entrouvre la voûte céleste. Les litanies, les invocations adressées au feu vivant, les hymnes répétés pour obtenir la miséricorde des dieux favorables renvoient les princes de l’Empire des Ténèbres dans les espaces brûlés par un vent torride où se meuvent les esprits mauvais. »

Horresco referens. Cela fait peur ! Les princes de l’Empire des Ténèbres ! S’agit-il des Grands Anciens de Lovecraft, des Nazgûl de Tolkien, des Seigneurs du Chaos de Moorcock ou plus modestement des harpies africaines vaincues par le Solomon Kane de Howard ?

Par Crom, (authentique dieu irlandais), il est peu probable que les Celtes aient cherché à entrouvrir la voûte céleste ; la chute du ciel étant pour eux, au moins depuis le temps d’Alexandre, une image de la fin du monde…

Après ce bref examen de la religion celtique revue par L. Deutsch, entrons maintenant dans l’Histoire.

Depuis le chapitre premier, L. Deutsch évoque l’artisanat, le commerce et les routes commerciales de l’ambre, de l’étain, du sel, du fer : c’est à porter à son crédit.

En revanche, lorsqu’il s’occupe de l’univers des guerriers, les choses se gâtent un peu.

Chapitre 3. IVe siècle avant notre ère. Brennus, le premier Gaulois.

Cette mention du premier Gaulois est curieuse, mais elle peut s’expliquer par le passage du monde celtique du Premier âge du Fer (800-450 av. J.-C.) au second où les Gaulois apparaissent en tant qu’ethnies différenciées.

« Le IVe siècle avant notre ère, période que les historiens désignent comme le second âge du fer, voit ce métal s’imposer progressivement, changer les habitudes et modifier même l’art ancestral de la guerre. Ainsi apparaît une arme redoutable : une épée plate, solide, tranchante et d’un mètre de long ! » Hexagone, p. 50.

L’épée est utilisée bien avant le Second âge du Fer : au Premier âge du Fer et même à l’âge du Bronze. Quant à la lame, si elle est longue au début du IVe siècle avant J.-C., au moment de l’invasion gauloise en Italie, elle se raccourcit sur certains modèles vers 335 av. J.-C.

Notons qu’un peu plus loin, L. Deutsch insiste à juste titre sur l’invention par les Celtes du fourreau métallique (fer ou bronze) de l’épée et de la cotte de mailles.

Aussi est-il dommage qu’à la page suivante, Hexagone,  p. 51, il retombe dans des clichés. « Les armées avancent, les guerriers aux tresses durcies à la chaux, le corps nu peint en bleu pour impressionner l’ennemi, poussent des cris effroyables et tranchent les têtes. »

La peinture bleue est un cliché redondant du cinéma, de la BD et de toutes sortes d’ouvrages traitant des Celtes antiques et médiévaux.

Si les corps sont nus (torses nus serait plus exact), à quoi servent donc les cottes de mailles ? Même si cette protection d’un coût très élevé ne devait équiper qu’un petit nombre de guerriers. Protégés par leur bouclier plat et oblong, les Gaulois tuent (ou blessent) avec le javelot, la lance, et éventuellement l’épée. Quant aux têtes tranchées, elles le sont après le combat, avec des couteaux.

Le guerrier gaulois

J’ai évoqué un peu plus haut l’apparition des Gaulois en tant qu’ethnies différenciées. L’invasion de l’Italie par les Gaulois vers 390-380 av. J.-C. va faire connaître le nom des Sénons, qui ont laissé leur nom à Sens dans l’Yonne.

« Ils attendent donc que tous les autres peuples se soumettent à leur volonté. « Sénons » le terme par lequel ils se désignent, ne veut-il pas dire « les Premiers ? ». Hexagone,  p. 54.

La réponse est non ! Sénons (Senones) veut dire les « Anciens ». Puisque L. Deutsch cite le Dictionnaire de la langue gauloise de Xavier Delamarre, Errance, 2003, dans sa bibliographie, il aurait dû y lire que c’étaient les Rèmes (Remi) de Champagne-Ardenne qui étaient les « Premiers » ou les « Princes ». D.L.G. p. 257. « Senos = ancien, vieux » se trouve aux pages 270-271.

Poursuivons jusqu’au chapitre 5, IIe siècle avant notre ère. La vengeance des Romains.

Nous sommes en 121 av. J.-C. L’armée romaine du consul Domitius Ahenobarbus (renforcée de contingents éduens et marseillais) va affronter la coalition des Arvernes et des Allobroges, commandée par l’Arverne Bituit.

« Bituit ne sait pas encore que trente mille stratèges valent mieux que deux cent-mille têtes brûlées. » Hexagone,  p. 87.

Un cliché : les Gaulois sont des têtes brûlées ! Et une erreur : le stratège ou commandant est forcément en nombre limité, de 1 à 10 dans une armée grecque. Le mot « légionnaires » opposé à « guerriers » aurait largement suffi.

Venons-en au chapitre 6, Ier siècle avant notre ère. Le rêve gaulois de César.

Là, Lorànt Deutsch réalise un exploit diplomatique ! Celui de ne pas localiser Alésia et de ne pas mentionner les Mandubiens, possesseurs de la ville d’Alésia, fondée par le héros grec Héraclès, personnage important de son Hexagone. Alors que tout au long de son livre, il indique, dans des encadrés, jusqu’au numéro de la rue où se trouvent les vestiges qui lui semblent importants.

Lorsqu’il évoque le sort misérable des civils expulsés de la place par Vercingétorix, il se garde bien de les nommer Mandubiens. Car cela supposerait de préciser la localisation d’Alésia, à Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or), localisation contestée par certaines officines à vocation touristique, situées plus à l’est, du côté des Séquanes.

Soucieux de ne pas lasser le lecteur du présent billet et de ne pas trop accabler Lorànt Deutsch, je vais terminer sur un dernier point agaçant au possible.

Franchissons les siècles jusqu’en 410 ap. J.-C.

Chapitre 11, Ve siècle, Quand Rome renaît à Reims.

« Le Breton Ivomadus se met à la tête de mille homme et vient occuper Blois pour ne faire une tête de pont de la Ligue armoricaine. Car là-bas, la Bretagne gauloise subit des mutations profondes… Chassés par les invasions saxonnes et les Scots venus du Nord, les Bretons de la grande île viennent en masse se réfugier sur le continent. Cette immigration transforme la réalité bretonne, ces terres deviennent celtiques… Oui, « deviennent » ! Le terroir qui, aujourd’hui, se veut farouche partisan de l’identité celtique, à travers sa langue et sa musique, n’a été véritablement celtisé qu’en ce Ve siècle ! » Hexagone, p. 175.

Gast ! Le lecteur bienveillant aura noté le caractère péremptoire de l’énoncé. Celui qui l’est un peu moins commencera à éprouver un doute sérieux sur la qualité des informations historiques et linguistiques livrées par Lorànt Deutsch !

Dans ce morceau de bravoure où il piétine allègrement l’Emsav (Emzao) ou « Mouvement breton », l’auteur se moque aussi et surtout du lecteur.

Que les Bretons insulaires aient commencé à s’installer dans l’Armorique gauloise dès le IVe siècle, et peut-être même dès le IIIe siècle, avec l’autorisation des Romains pour défendre le littoral de la Manche et de l’Atlantique contre les raids saxons (on a la mention d’un raid de navires saxons à Barzan en Charente-Maritime vers 230) ne semble pas l’intéresser.

Que les régions insulaires qui ont fourni les immigrants bretons ne soient pas justement celles qui on été les premières touchées par l’invasion des Saxons, lui importe peu. Ce qui le préoccupe, c’est de rejeter l’ancienneté de la celticité de la terre. Or, ce sont les hommes qui parlent une langue, pas la terre.

En clair, les Bretons ne seraient arrivés qu’au Ve siècle. Donc qu’ils la ferment un peu avec leurs prétentions politiques et culturelles. On n’est plus ici dans le domaine de l’histoire mais dans celui de l’expression du politique. Que l’on peut accepter ou rejeter, à chacun de choisir ou pas.

Mais passer à la trappe, les noms celtiques des peuples gaulois nommés Redones, Ossismes, Coriosolites, Vénètes et Namnètes, oublier le monnayage armoricain qui constitue un des plus beaux exemples de la numismatique gauloise, ignorer la statue de Paule, représentant un barde avec sa lyre, ne me semble pas acceptable.

Le gaulois ou celtique continental a été parlé en Armorique comme dans l’ensemble de la Gaule celtique, qui ne se nommait pas l’hexagone, sur une période de plusieurs siècles, voire d’un millénaire. Il est clair de mon point de vue que Lorànt Deutsch se livre ici à de la désinformation.

Pour compléter les éléments de bibliographie indiqués ici, le lecteur pourra consulter et explorer les sites suivants :

encyclopédie de l’arbre-celtique

forum de l’arbre-celtique


 

 

Ali Nikiéma

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Coup de projecteur sur un artiste à découvrir : le sculpteur fondeur Ali NIKIÉMA, bronzier venu du Burkina Faso.

Nous avons rencontré cet homme agréable et courtois début août alors qu’il exposait ses œuvres aux jardins du Grenier à Sel d’Avallon dans l’Yonne.

Le site d’ Ali NIKIEMA

Reconstitution historique et photographie

Reconstitution historique et photographie.

Conférence illustrée de Yann Kervran, le 9 juin 2013 à Cassinomagus Parc archéologique.

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Yann Kervran est photographe, conseiller historique, médiateur culturel, reconstituteur médiéviste et romancier. Depuis février 2013, Cassinomagus accueille une exposition de ses photos de reconstitution : une première au plan national par la qualité et le nombre de photos présentées et aussi la durée de l’exposition qui sera prolongée jusqu’en 2014.

1 Définition de la reconstitution historique et archéologique

Yann Kervran commence par définir la reconstitution historique et ses relations avec l’archéologie expérimentale et la médiation culturelle. Des gens ordinaires fabriquent du matériel, des équipements, des costumes et vont les mettre en œuvre, en scène.

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La reconstitution moderne naît dans les années 1960 et traite de périodes historiques différentes.  Elle sert parfois à commémorer un événement historique, c’est le cas du reenactment anglo-saxon. On reconstitue en Angleterre, la bataille d’Hastings en 1066 ou en Russie, la victoire d’Alexandre Newsky sur les Teutoniques.

Les premiers reconstituteurs sont des collectionneurs d’objets : époque napoléonienne, Première guerre mondiale. Ceux qui travaillent sur l’Antiquité  fabriquent ou acquièrent des copies. La période médiévale est liée au monde du spectacle en France et à l’éducation populaire aux Etats-Unis. Les reconstitutions de batailles suscitent l’adhésion du public : on siffle Guillaume à Hastings et le maître teutonique en Russie. Le spectacle peut englober une chronologie longue comme la Cinéscénie du Puy du Fou. Le reconstituteur peut s’agréger à une troupe ou créer seul un personnage : un notaire du XVe s. avec son écritoire. Yann Kervran insiste sur le lien empathique. On incarne un personnage ou plusieurs puisque certains font du multi périodes.

Si la reconstitution est marquée par les militaria, la chose militaire, elle peut aussi s’appliquer au monde rural, comme la ferme de Xaintrie (Corrèze) avec ses paysans apiculteurs du XIIIe s. ou au monde de l’enfance avec des jouets de la même période reconstitués par une mère de famille. La reconstitution peut traiter de périodes récentes : les grèves intervenues dans les années 1980 sous le gouvernement Thatcher.

Cela présuppose une recherche documentaire sérieuse, parfois même pointue, les sources étant indissociables de la démarche. La reconstitution en tant qu’évènement public sert à valoriser des sites archéologiques : Saint-Romain-en-Gal, Grands jeux de Nîmes. La reconstitution devient un produit culturel qui commence à intéresser les media et la télévision.

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Certains pratiquent l’histoire vivante, en se concentrant sur le costume, la gestuelle. Ces pratiques peuvent être réservées aux seuls reconstituteurs en immersion le temps d’un week-end ou être ouvertes au public. La reconstitution opère au niveau social un brassage républicain éminent et salutaire. Une troupe peut réunir autour d’une même passion différentes professions : enseignant,  maçon, gendarme, comédien, cariste, cantonnier… Des individus ont acquis au fil du temps des connaissances, de l’expérience et une capacité de parler au public d’histoire et d’archéologie, de dialoguer entre eux et d’échanger facilement avec le public. On parle plus facilement à une personne en costume dans un cadre souvent festif, comme si le port du costume levait bien des blocages de type scolaire ou universitaire. Le costume n’est pas forcément obligatoire dans le cas de l’archéologie expérimentale où l’on va tenter de recréer des gestes techniques, des chaînes opératoires : métallurgie, tissage, utilisation du tour de potier. Des interactions se développent entre musées, archéologues et reconstituteurs.

Le reconstituteur veille à l’adéquation de son discours avec le public. Son action sert le travail de mémoire : comme figurer dans les commémorations de la guerre de 14/18. La reconstitution permet de rendre vivant des lieux historiques, archéologiques, facilite leur réappropriation par le public local et aide à la connaissance du patrimoine.

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La reconstitution a aussi ses travers : notamment le risque de repli identitaire ou de projection fantasmatique sur une période, un personnage. Ou encore l’approche caricaturale d’une période ou d’un type de personnage par manque de sources ou de recherche documentaires. Croyant faire du médiéval, on produit un ersatz assez médiocre. Dans un autre registre, la question de l’implication physique, sportive, se pose pour ceux qui pratiquent le combat, l’équitation. Jusqu’où peut-on aller ?

2 L’approche photographique

Yann Kervran livre une partie de sa démarche. Utiliser des focales longues, sans flash à distance et privilégier une approche naturaliste, comme pour la photo animalière*. Rappelons que la reconstitution met parfois à contribution des animaux dressés que Yann Kervran a photographiés : chevaux des Ambiani, des Portes de l’histoire ou éléphante de Carthago.

Yann Kervran se veut fidèle à l’image que les reconstituteurs se font de leur « travail », la plupart étant des bénévoles.  Certains clichés  surexposés privilégient le fond par rapport à la forme, il s’agit de saisir un instant de vie.

Cela n’exclut pas des séances de portraits en studio avec Les Ambiani ou la Legio VIII Augusta, des mises en scène : banquet dans le triclinium de Montans, présentation de tissage à Coriobona, le village des Gaulois d’Esse ou levée  de la dîme dans la ferme de Xaintrie.

3 La marche Autun-Bibracte-Alésia de la Legio VIII Augusta

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De 2010 à 2012, la troupe Legio VIII Augusta a effectué une marche expérimentale reliant Autun, Bibracte et Alésia, soit une distance de 120 km parcourue par un groupe de 8 hommes accompagnés de 2 mulets. Chaque légionnaire portait environ 40 kg d’équipement. Une des raisons de l’expérimentation était de savoir comment gérer le matériel, armes, boucliers, outils et bagages personnels. Pour le photographe, il s’agissait de se faire accepter et de prendre des clichés alors que les reconstituteurs sont fatigués, qu’ils peuvent éprouver une gêne à être pris en photo à ce moment-là.

La première année, Yann Kervran a accompagné le groupe de marcheurs une journée seulement, puis une semaine l’année suivante, faisant des repérages au GPS. Des liens se sont créés avec les légionnaires de la VIIIe. Les images de reconstitution dans un cadre naturel créent aussi des liens avec les collectivités locales, servent à la promotion du Morvan et de la Bourgogne. La présence des reconstituteurs permet d’animer de façon ponctuelle des sites archéologiques en partenariat avec l’Inrap et remporte aussi l’adhésion des populations locales, d’abord intriguées puis franchement enthousiastes.

Yann Kervran conclut en insistant sur le brassage républicain, les échanges transversaux entre reconstituteurs travaillant sur différentes périodes et l’ouverture vers le grand public.

Bibliographie :

laviedunguerriergaulois

La vie d’un guerrier gaulois / texte Ludovic Moignet, photos Yann Kervran. Calleva, 2011. (Reporter du temps)

autunbibractealesia

Autun-Bibracte-Alésia : L’aventure de la marche expérimentale romaine / texte Legio VIII Augusta, photos Yann Kervran. Calleva, 2013. (Reporter du temps)

*Aucun reconstituteur n’a été maltraité pendant les prises de vues.

© texte, Jean-Paul Brethenoux ; photos Jean-Paul Brethenoux ; Yann Kervran ; couvertures livres Calleva éditions.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ta mort sera la mienne

Ta mort sera la mienne

Ta mort sera la mienne / Fabrice Colin. Sonatine Éditions, 2013. 346 p. ISBN 978-2-35-584-179-8. 20 €.

Mon résumé :

Dans le motel de Red Cliffs Lodge, au bord de la rivière Colorado, près de la ville de Moab, dans l’Utah, a débuté un séminaire de littérature pour étudiants californiens : discussions, écriture, piscine et confort…

Parmi eux, Jillian et Karen Emerson, sa conseillère d’éducation, réfugiées dans une chambre, scrutent l’obscurité, sursautent à chaque détonation. Parce que le massacre a déjà commencé et qu’Il les cherche. Armé d’un fusil à pompe, un motard casqué abat chaque étudiant, chaque personne traversant son champ de vision. Les secours pourraient arriver de Grand Junction dans l’état voisin du Colorado. Même si les téléphones ne fonctionnent plus, les flics ont reçu la copie d’un mail. Donald Crossen, 59 ans, bientôt à la retraite, est prévenu. Il connaît les lieux, il va faire son devoir… «Because you’re mine, I walk the line.»

« Il existe deux sortes de livres, déclarait Elaine. Ceux qui entendent vous rassurer, et ceux qui creusent votre peur en vous montrant la vie telle qu’elle est. »

Le lecteur de Ta mort sera la mienne, deuxième thriller de Fabrice Colin publié chez Sonatine Éditions, après Blue Jay Way, sait très vite, dès les premières pages, à quoi s’en tenir. Avant de rédiger ce compte-rendu, j’ai parcouru plusieurs recensions de Ta mort sera la mienne, en liens sur la page Facebook du roman. Thriller, roman noir, western, récit ésotérique, héros anti christique…, le roman est tout cela et plus encore.

Quelque mots sur l’écriture et la structure : trois personnages, trois personnes grammaticales : je, tu, elle. Donald, Troy, Karen, trois destins enchevêtrés se rejoignent dans un paroxysme de violence. Le récit est complexe, oscillant entre narration linéaire et flashback récurrents, obsessionnels. Le style est sobre, nerveux, efficace, totalement maîtrisé. Fabrice Colin vise juste. On ne lâche pas le livre une fois commencé, tellement la tension est forte.

Une bande-son éclectique accompagne une narration haletante et convulsive : Amy Winehouse, The Who, Billie Holiday, Nina Simone, Bowie et ce bon vieux Johnny Cash… De la musique très cool et des scènes dures, parfois insoutenables. Ce qui frappe, c’est la charge émotionnelle assortie d’une vision, celle d’une Amérique violente, hallucinée et mythique.

Chaque lecteur applique consciemment ou non ses propres grilles de lecture. Sans vouloir tenter une comparaison terme à terme qui serait abusive, deux livres me viennent à l’esprit. D’abord, Sur la route de Jack Kerouac, où de jeunes marcheurs, poètes fous et prophètes en devenir, cherchaient l’or au pied de l’arc-en-ciel.

Le second moins connu, malgré son titre emprunté aux Rolling Stones, est le premier  roman autobiographique de Kent Anderson : Sympathy for the devil. Un étudiant en littérature s’ennuie dans son campus : il s’engage dans l’armée et rejoint le Vietnam et les Bérets Verts. Il découvre la guerre, l’enfer et surtout commence à percevoir la réalité d’une Amérique qui exerce moins son impérialisme qu’elle ne cherche à imposer son mode de vie, l’American Way of Life. Lequel est fondé sur une altération de la relation primordiale de l’homme avec le monde.

Quel rapport avec Ta mort sera la mienne ? Le roman s’inscrit dans une continuité. Fabrice Colin nous raconte l’Amérique d’après. Celle des années 1980 à 2012, avec le 11 septembre en filigrane, une Amérique qui saigne de l’intérieur !

Fabrice Colin nous rappelle avec une insistance subtile que ce pays s’est bâti sur le génocide des Amérindiens. Donald, une sorte de John Wayne, obèse et alcoolique, en quête de rédemption, commande ses policiers, des Navajos. Le cadre où furent tournés de nombreux westerns est majestueux, grandiose, primordial, avec ses montagnes ocre rouge, ses canyons et ses plaines ventées.

Les mesas sont les temples d’anciens dieux oubliés. Les cris des coyotes retentissent la nuit, dans le désert sec et froid, planté de cactus. L’homme doit préserver le hozho, terme navajo désignant l’équilibre qui équivaut au dharma bouddhiste des Tibétains. On songe aux Clochards célestes de Kerouac…

Sauf que de l’autre côté, là-bas, où sont arrivés les Blancs, la bible d’une main et le fusil de l’autre, il y a la Floride et son chapelet d’îles, les Keys. Un monde chaud et humide, des îles paradisiaques, antédiluviennes, peuplées de cerfs, de pélicans, de singes hurleurs et de crocodiles aux yeux emplis de gratitude.

Troy est né dans une de ces îles, où de faux gourou mêlant des versions adultérées du christianisme et du bouddhisme, ont perverti le dharma et engendré le Mal. Troy entend des voix… dans sa tête. Le monde est promis au Feu du Ciel. Troy est le Messager. Modeste cavalier de l’Apocalypse, casqué et botté de noir, il enfourche sa Harley, traverse les états, rejoint la biblique Moab et la foudre jaillit de ses shotgun calibre 12.

Dans sa poche, un cahier manuscrit au titre prophétique, Après l’empire : «Il y avait l’orage et les fauves, les guerres et les tempêtes, des reptiles longs comme un soir d’été vagissaient le long des hummocks en attendant leur heure et les Indiens, les Timucua, Calusa, Tequesta, les Indiens tournés vers l’est s’efforçaient de déchiffrer les signes avec la certitude paisible qu’ils n’y parviendraient jamais.»

Bonne lecture et surtout ne marchez pas là où le serpent a dormi !

Jean-Paul Brethenoux

3 livres de Patrice Lajoye

Trois livres de Patrice Lajoye

Né en 1974, Patrice Lajoye travaille au CNRS, à la Maison de la Recherche en Sciences Humaines (Université de Caen). Il est docteur en histoire des religions (Université de Charleroi, Belgique) et a dirigé pendant plusieurs années la revue de Mythologie française.

Patrice Lajoye est aussi traducteur du russe et anthologiste. Il travaille en collaboration avec son épouse Vicktoriya à mettre à disposition des lecteurs francophones des textes issus des littératures de l’imaginaire. Il peut s’agir de littérature russe moderne, La Loi des Mages de Henry Lion Oldie, Mnémos, 2011 ou de textes traditionnels comme le recueil de bylines (chants), Ilya Mouromets et autres héros de la Russie ancienne, paru chez Anacharsis en 2009.

Le présent billet souhaite contribuer à faire connaître plus particulièrement trois livres de mon ami Patrice Lajoye. J’ai fait sa connaissance (virtuelle), il y a plus de 13 ans, sur le forum de l’arbre-celtique. Le domaine celtique qu’il s’agisse de la Gaule indépendante et gallo-romaine ou des littératures insulaires (de transcription médiévale) de l’Irlande et du Pays-de-Galles constitue un champ de recherches et d’investigations que nous explorons tous les deux depuis des années, j’ai commencé pour ma part en 1973-1974. Les angles d’approche sont multiples et variés : histoire, langue, épigraphie, numismatique, religion et archéologie. Patrice Lajoye a d’ailleurs participé à plusieurs chantiers de fouilles, menées scientifiquement. Je tiens à souligner la richesse, l’originalité et la clarté du propos tout comme le sérieux de la démarche de Patrice Lajoye.

Des dieux gaulois. Petits essais de mythologie / Patrice Lajoye. Budapest Archaeolingua, 2008. 240 p. (Series Minor ; 26).

ISBN 978-963-8046-92-5

Ce volume d’essais, érudit et agréable à lire, est tout simplement excellent. Il s’inscrit dans une longue continuité interdisciplinaire partant des travaux de Paul-Marie Duval jusqu’à ceux de Claude Sterckx et Bernard Sergent, en passant par les écrits de Georges Dumézil ou de Christian-J. Guyonvarc’h et Françoise Le Roux, tout en s’appuyant sur les recherches archéologiques récentes.

Mythologie celtique et légendaire français. Recueil d’articles. 2008-2012 / Patrice Lajoye. Lisieux : P. Lajoye, 2012. 141 p.

ISBN 978-1-291-17644-5

Dans le prolongement du premier recueil d’essais, en se recentrant sur le folklore français et l’hagiographie (la vie des saints), ce petit volume ouvre des pistes étonnantes. Qu’il s’agisse de Hellequin, un dieu aux bois de cerf et du Dagda, le Jupiter irlandais, de Lug, le grand dieu celtique et Saint-Martial de Limoges, de l’Héraclès gaulois, du bon géant Gargantua ou encore de ces récits de têtes coupées et de morts décapités qui marchent, chaque article ouvre une piste nouvelle. Que l’on peut suivre ou pas. Ainsi, à la fin du volume, le petit texte sur les vampires gaulois ne m’a pas vraiment convaincu. En revanche, je partage l’un des points de vue de l’auteur : les anciens dieux, les dieux païens, survivent dans le folklore et même jusque dans la vie des saints !

Religions et cultes à Lisieux (Normandie) dans l’Antiquité et au haut Moyen Âge. (Ier avant J.-C. au VIIe siècle après) / Patrice Lajoye. Lisieux : P. Lajoye, 2012. 2e édition revue et augmentée. 74 p. : cartes, ill. en coul.

Pour finir cette petite présentation de Patrice Lajoye, un album illustré en couleurs, consacré à Lisieux, sa ville natale. Bien avant d’être le sanctuaire de sainte Thérèse, Lisieux a été Noviomagus Lexoviorum, le Nouveau Marché des Lexovii, les Lexoviens, ce peuple gaulois de Normandie, compté au nombre des Armoricains par César, voisins et alliés des Aulerci Eburovices (Evreux) et des Veliocassi (Rouen et Vexin).

A travers l’étude des monnaies, de la toponymie, des inscriptions, des monuments gallo-romains : aqueduc, théâtre, sanctuaire, reliefs et autels, c’est une part de l’histoire religieuse du peuple gaulois des Lexoviens et de son centre administratif qui se dévoile depuis le temps de l’indépendance jusqu’au Bas-Empire romain et au début du Moyen Âge.

 

Expo photo Yann Kervran à Chassenon

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RECONSTIT’ le passé pour présent. Exposition photos de Yann KERVRAN

Du 16 février au 23 novembre 2013 à Cassinomagus Parc archéologique (16500 Chassenon).

Le vernissage de l’exposition RECONSTIT’ le passé pour présent a eu lieu samedi 16 février à l’invitation de MM. Yann Kervran, Jean-Marie Judde, président de l’Établissement Public de Chassenon, Jean-François Feunteun, directeur de l’Établissement Public de Chassenon et de Patrick Boos, président de l’association Les Gaulois d’Esse.

Avec près de 80 clichés, grand format ou panoramique, sur le thème de l’Antiquité, Cassinomagus Parc archéologique met à l’honneur en 2013, l’archéologie expérimentale et la reconstitution.

Cette exposition mêlant des thématiques complémentaires se déploie sur deux lieux distincts :

–      au pavillon d’accueil : centurions, marche expérimentale Autun – Bibracte – Alésia, cérémonie romaine (Legio VIII Augusta) ; guerriers gaulois, vie quotidienne, artisanat (Les Ambiani) ainsi que des vitrines contenant des pièces archéologiques des collections de Chassenon (Charente), de Rochechouart et Saint-Gence (Haute-Vienne) et des artefacts reconstitués par Patrick Boos, Archeo Reconstit’, Ucuetis et Les Gaulois d’Esse.

–      dans les thermes (unctorium) : deux séries de clichés présentant le village gaulois de Coriobona (16500 Esse) et les rituels de la mort chez les Gaulois au 1er siècle av. J.-C. par la troupe Les Ambiani.

Pour compléter cette thématique, une évocation de la sépulture gauloise de Boiroux commune de Saint-Augustin (Corrèze) a été mise en place par l’association Les Gaulois d’Esse avec le concours de la mairie de Saint-Gence, de la D.R.A.C. du Limousin et de MM. Guy Lintz et Serge Roux.

La salle de projection du pavillon d’accueil abrite une exposition de l’Institut national de recherches archéologiques préventives sur le thème des artisans et des métiers gaulois, illustrée par 3 documentaires, réalisés par l’I.N.R.A.P.

Dans la galerie photo, les couvertures de deux livres en relation avec les expositions de Chassenon.

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Rencontre avec un écrivain remarquable

Rencontre avec un écrivain remarquable

Vendredi 8 février 2013, à 18h30, la médiathèque municipale de Saint-Jean-d’Angély recevait, en ses murs de l’Abbaye Royale, l’écrivain Fabrice Colin. Cette animation tout public s’inscrivait dans le cadre de l’opération Rencontres Écrivains en 17, organisée par l’association Larochellivre Écrivains en 17, représentée par M. Jacques Charcosset, en partenariat avec le collège Georges-Texier et le Conseil Général de Charente-Maritime. La table de librairie était tenue par La Plume Enchantée de Saint Jean d’Angély.

Né en 1972, Fabrice Colin écrit aussi bien pour les adultes, les enfants ou les adolescents. Auteur de jeux de rôles, pigiste puis collaborateur de la revue Casus Belli, il publie son premier roman Neuvième cercle en 1997 , à l’initiative de Stéphane Marsan, fondateur des éditions Mnémos. Trois fois lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire, Fabrice Colin a déjà produit une quarantaine de titres : romans, albums, recueil de nouvelles, scénarii de BD, pièces radiophoniques. Ces œuvres relèvent des littératures de l’imaginaire : fantastique, réalisme magique, fantasy, SF, steampunk, thriller.

J’ai découvert Fabrice Colin en lisant Élric, les Buveurs d’âmes, Fleuve Noir, 2011, roman écrit en français, en collaboration avec l’écrivain Michael Moorcock. Reprendre les aventures de ce personnage mythique était en soi un défi tout comme celui de collaborer avec son créateur. Michael Moorcock est un écrivain connu dans le monde entier, dont l’influence littéraire va bien au-delà des cercles de la fantasy et de la SF. D’emblée, j’ai été séduit par l’efficacité et l’élégance de l’écriture de Fabrice Colin, une écriture teintée de poésie que l’on retrouve dans son thriller Blue Jay Way, sorti en 2012, chez Sonatine éditions. Lecteur régulier de son blog the golden path, guettant ses micro-fictions sur Twitter, je n’ai pu résister à l’envie de prendre la route de Saint-Jean-d’Angély pour le rencontrer.

Pendant 1h30, Fabrice Colin nous a parlé de livres, de son travail d’écrivain et de techniques d’écriture. Les siennes et celles d’auteurs qu’il apprécie comme Bret Easton Ellis, American Psycho ou Haruki Murakami, 1Q84. Dans le prolongement de ses rencontres et ateliers d’écriture dans les collèges, Fabrice Colin explique que deux grandes tendances prédominent : partir d’une phrase qui sonne bien et continuer ou bien construire un plan avec un début, un milieu, une fin. Lui-même a choisi le plus souvent cette seconde option. Il insiste aussi sur l’importance de bien distinguer, dans un roman, le sujet du thème. Si le sujet résulte d’un choix, souvent inhérent au genre traité : vampires, anges, tueur, le thème qui se dégage de la fiction relèverait plus de l’inconscient. On ressent un refus de se livrer à une analyse personnelle trop poussée : quelque chose écrit. Fabrice Colin explique cependant qu’il lui arrive d’inclure des fragments de rêves dans ses récits. Toujours à propos de l’inspiration et d’un manque éventuel, il répond que c’est plutôt le trop-plein qui le gêne. Au cours de la discussion, l’auteur indique quelques uns de ses référents culturels : l’influence de la pensée bouddhiste, le devenir post-mortem, le vide laissé en Occident par la mort de Dieu, la religion. Lorsque Jacques Charcosset mentionne le roman Kathleen, Atalante, 2006,  inspiré par la vie de l’écrivain Katherine Mansfield, surgit la figure ambiguë de Georges I. Gurdjieff, le maître venu d’Orient. A titre d’exemple, le Livre des morts tibétain a fortement inspiré la thématique de son roman pour adolescents, 49 jours, Michel Lafon, 2012.

Comme pour tempérer ces thématiques un peu sombres, Fabrice Colin possède un sens de l’humour (noir) très aiguisé : mimant avec un sourire carnassier le meurtre de Cymoril par l’épée maudite d’Élric, il conclut par un « Oups ! » désopilant.

Pour finir, un grand merci aux organisateurs de cette rencontre, à mes collègues bibliothécaires, Marie-Françoise, Mireille et  l’équipe de la médiathèque de Saint Jean d’Angély et bien sûr, à Monsieur Fabrice Colin. Son prochain thriller, Ta mort sera la mienne, sortira en mars 2013, chez Sonatine éditions.

Jean-Paul Brethenoux

Crédits photos et illustrations : Fabrice Colin par Patrick Imbert ; Blue Jay Way, Fabrice Colin, Sonatine éditions ;  Élric, les Buveurs d’âmes, Michael Moorcock, Fabrice Colin ;  illustration de Brom, Fleuve Noir.

 

 

 

Gergovie, archéologie d’une bataille

Gergovie, archéologie d’une bataille de David Geoffroy, Court-jus Production

Réalisation, scénario, production par David Geoffroy

Documentaire – HD – 67 minutes

Contact : Court-Jus Production

Grandes lignes de l’intrigue :

« 52 avant J.-C. : la Gaule voit s’affronter les légions romaines de Jules César et une coalition de peuples gaulois, menée par le chef arverne, Vercingétorix.

Victoire éphémère de Vercingétorix sur César, la bataille de Gergovie est entrée dans la légende.

Nées au XIXe siècle, les polémiques sur la localisation des sites de la guerre des Gaules tel que Gergovie, font encore régulièrement la une des journaux.

Pourtant, les recherches archéologiques conduites ces dernières années, laissent peu de doutes aux archéologues quant à la localisation de cette fameuse bataille… »

Avec la participation (par ordre d’apparition) de :

Vincent Guichard, Christian Goudineau, Matthieu Poux, Yann Deberge, Pierre Caillat, Thomas Pertlwieser et Ulysse Cabezuelo

Avec la collaboration de :

– Collège de France

– BIBRACTE

– PAX AUGUSTA

– LES GAULOIS D’ESSE : Pascal Allard, Freddy Baussant, Geneviève Boos, Hélène Boos, Patrick Boos, Jean-Paul Brethenoux, Nathalie Burgun, Sonia Caillon, Karl Chantegros, Thierry Chantegros, Tristan Chantegros, Marianne Dalton, Jonathan Durand, Florence Faure, Clotilde Garnier, Alain Gauthier, Guillaume Gibeau, Thomas Lefranc, David Peigné, Gwendoline Peigné, Philippe Peigné, Xavier Przyborowski, Maxime Tisseuil, Chanaan Vergne, Julien Vergne, Saïan Vergne, sans oublier nos petits chevaux Dark et Mandu.

– Les Ambiani

– L’Association pour la Recherche sur l’Âge du Fer en Auvergne (ARAFA)

– Le Laboratoire Universitaire d’Enseignement et de Recherche en archéologie Nationale (LUERN)

– l’Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives)

– la Maison de Gergovie

Avec le soutien de :

– Conseil régional d’Auvergne

– Conseil général du Puy-de-Dôme

– Gergovie Val d’Allier Communauté

Récompenses  :

-Prize for Archaeological Reporting – AGON, International Meeting of Archaeological Film of the Mediterranean Area… and beyond, Athènes 2012

-Prix DRAC Picardie «Meilleur documentaire d’archéologie métropolitaine», festival du film d’archéologie d’Amiens – 2012

-Grand Prix du festival KINÉON, festival international du film archéologique de Bruxelles – 2011

-Prix du public du festival Airchéo, festival du film archéologique de Toulouse – 2011

-Prix AMN du “meilleur film d’archéologie à petit budget” au VIIe festival international du film d’archéologie de Nyon (Suisse) – 2011

– « Prix du meilleur film pour son apport scientifique », lors du 13e festival Icronos, festival international du film d’archéologie de Bordeaux -2012

Un grand merci à David Geoffroy et à tous ses partenaires, ce fût un plaisir de participer à cette aventure !