Delirium : autoportrait / Philippe Druillet avec David Alliot. Les Arènes, 2014.
28 juin 1944, Druillet naît le jour où Philippe Henriot est abattu par des résistants. Victor Druillet, franquiste et chef milicien du Gers, l’a prénommé en hommage au secrétaire à la Propagande de Vichy. L’enfance, c’est l’Espagne franquiste, le Gers après la mort du père, la pauvreté à Paris, la mère, fasciste indéfectible et la grand-mère bienveillante.
L’école est pénible. Druillet dessine. Il dévore : bandes dessinées, ciné, SF, Lovecraft, Doré et Moreau. 1964, l’apprenti photographe porte ses planches au journal « Pilote ». René Goscinny publie. Druillet illustre « Elric le nécromancien » de Michaël Moorcock. « Les 6 voyages de Lone Sloane », « Yragaël », les cadres explosent. SF et heroic fantasy : « Métal Hurlant » sort en 1974.
« La Nuit », opéra rock libertaire naît dans la douleur. Son épouse Nicole se meurt. L’alcool et la drogue nourrissent et empoisonnent longtemps l’artiste aux multiples facettes : BD, illustration, photo, peinture, cinéma, infographie, sculpture, architecture, décors de télévision et d’opéra. Travailleur acharné, Druillet met sept ans pour adapter « Salammbô » de Gustave Flaubert. Sloane, l’antihéros aux yeux rouges, hante désormais « La Divine Comédie » de Dante.
Jean-Paul Brethenoux