Rencontre avec un écrivain remarquable

Rencontre avec un écrivain remarquable

Vendredi 8 février 2013, à 18h30, la médiathèque municipale de Saint-Jean-d’Angély recevait, en ses murs de l’Abbaye Royale, l’écrivain Fabrice Colin. Cette animation tout public s’inscrivait dans le cadre de l’opération Rencontres Écrivains en 17, organisée par l’association Larochellivre Écrivains en 17, représentée par M. Jacques Charcosset, en partenariat avec le collège Georges-Texier et le Conseil Général de Charente-Maritime. La table de librairie était tenue par La Plume Enchantée de Saint Jean d’Angély.

Né en 1972, Fabrice Colin écrit aussi bien pour les adultes, les enfants ou les adolescents. Auteur de jeux de rôles, pigiste puis collaborateur de la revue Casus Belli, il publie son premier roman Neuvième cercle en 1997 , à l’initiative de Stéphane Marsan, fondateur des éditions Mnémos. Trois fois lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire, Fabrice Colin a déjà produit une quarantaine de titres : romans, albums, recueil de nouvelles, scénarii de BD, pièces radiophoniques. Ces œuvres relèvent des littératures de l’imaginaire : fantastique, réalisme magique, fantasy, SF, steampunk, thriller.

J’ai découvert Fabrice Colin en lisant Élric, les Buveurs d’âmes, Fleuve Noir, 2011, roman écrit en français, en collaboration avec l’écrivain Michael Moorcock. Reprendre les aventures de ce personnage mythique était en soi un défi tout comme celui de collaborer avec son créateur. Michael Moorcock est un écrivain connu dans le monde entier, dont l’influence littéraire va bien au-delà des cercles de la fantasy et de la SF. D’emblée, j’ai été séduit par l’efficacité et l’élégance de l’écriture de Fabrice Colin, une écriture teintée de poésie que l’on retrouve dans son thriller Blue Jay Way, sorti en 2012, chez Sonatine éditions. Lecteur régulier de son blog the golden path, guettant ses micro-fictions sur Twitter, je n’ai pu résister à l’envie de prendre la route de Saint-Jean-d’Angély pour le rencontrer.

Pendant 1h30, Fabrice Colin nous a parlé de livres, de son travail d’écrivain et de techniques d’écriture. Les siennes et celles d’auteurs qu’il apprécie comme Bret Easton Ellis, American Psycho ou Haruki Murakami, 1Q84. Dans le prolongement de ses rencontres et ateliers d’écriture dans les collèges, Fabrice Colin explique que deux grandes tendances prédominent : partir d’une phrase qui sonne bien et continuer ou bien construire un plan avec un début, un milieu, une fin. Lui-même a choisi le plus souvent cette seconde option. Il insiste aussi sur l’importance de bien distinguer, dans un roman, le sujet du thème. Si le sujet résulte d’un choix, souvent inhérent au genre traité : vampires, anges, tueur, le thème qui se dégage de la fiction relèverait plus de l’inconscient. On ressent un refus de se livrer à une analyse personnelle trop poussée : quelque chose écrit. Fabrice Colin explique cependant qu’il lui arrive d’inclure des fragments de rêves dans ses récits. Toujours à propos de l’inspiration et d’un manque éventuel, il répond que c’est plutôt le trop-plein qui le gêne. Au cours de la discussion, l’auteur indique quelques uns de ses référents culturels : l’influence de la pensée bouddhiste, le devenir post-mortem, le vide laissé en Occident par la mort de Dieu, la religion. Lorsque Jacques Charcosset mentionne le roman Kathleen, Atalante, 2006,  inspiré par la vie de l’écrivain Katherine Mansfield, surgit la figure ambiguë de Georges I. Gurdjieff, le maître venu d’Orient. A titre d’exemple, le Livre des morts tibétain a fortement inspiré la thématique de son roman pour adolescents, 49 jours, Michel Lafon, 2012.

Comme pour tempérer ces thématiques un peu sombres, Fabrice Colin possède un sens de l’humour (noir) très aiguisé : mimant avec un sourire carnassier le meurtre de Cymoril par l’épée maudite d’Élric, il conclut par un « Oups ! » désopilant.

Pour finir, un grand merci aux organisateurs de cette rencontre, à mes collègues bibliothécaires, Marie-Françoise, Mireille et  l’équipe de la médiathèque de Saint Jean d’Angély et bien sûr, à Monsieur Fabrice Colin. Son prochain thriller, Ta mort sera la mienne, sortira en mars 2013, chez Sonatine éditions.

Jean-Paul Brethenoux

Crédits photos et illustrations : Fabrice Colin par Patrick Imbert ; Blue Jay Way, Fabrice Colin, Sonatine éditions ;  Élric, les Buveurs d’âmes, Michael Moorcock, Fabrice Colin ;  illustration de Brom, Fleuve Noir.

 

 

 

Leave a Comment