En Campanie, au paradis des Romains / Catherine Wiborg, Yann Le Bohec

En Campanie, au paradis des Romains / illustrations Catherine Wiborg, textes Yann Le Bohec ; préface Gilles Sauron. Chamalières : Lemme EDIT, 2025. 157 p.

En Campanie, paradis des Romains. Première de couverture

Catherine Wiborg et Yann Le Bohec, les auteurs de ce bel ouvrage préfacé par le professeur Gilles Sauron nous emmènent dans un court voyage à travers l’Italie antique, explorer la Campanie. Ce territoire aux limites un peu floues s’étend du nord au sud, entre Capoue et les villes perdues d’Herculanum et de Pompéi, édifiées jadis à l’ombre du Vésuve, ce terrible volcan surplombant la baie de Naples et ses îles dont la plus célèbre demeure Capri. Yann Le Bohec insiste sur la richesse de la nature en Campanie, la douceur du climat, les sources chaudes ; la fertilité des sols imprégnés de cendres volcaniques en faisant une terre bénie des dieux. « Les hommes produisaient du blé, du vin et de l’huile ce que les géographes appelaient la trilogie méditerranéenne. » Parmi les vins de l’Antiquité, le Falerne était l’un des plus réputés.

Après avoir mentionné l’influence de différents peuples d’Italie : Étrusques, Osques, Samnites, Lucaniens et aussi des Grecs fondateurs de la ville de Cumes, le professeur Le Bohec aborde la partie proprement historique, suite au rattachement (deditio) de la Campanie à Rome en 343 av. J.-C. En deux chapitres, il étudie la Campanie à l’époque républicaine, puis sous l’Empire. Pendant la Deuxième guerre  punique, la Campanie voit l’arrivée du Carthaginois Hannibal, suite à sa victoire de Cannes en 216 av. J.- C. Son armée éprouvée par de nombreuses batailles va s’y reposer. Les « délices de Capoue » ou supposées telles susciteront pour longtemps la réprobation des moralistes romains. Puis en 73 av. J.-C., c’est la révolte du Thrace Spartacus, propulsé à la tête d’une armée de gladiateurs et d’esclaves. La Campanie est ravagée par la guerre pendant deux ans et l’histoire finit mal pour les insurgés.

Sous la République et sous l’Empire, des personnages importants, des souverains, des figures de l’histoire, de la science et de la philosophie ont séjourné en Campanie, devenue le lieu de villégiature très prisé, comme en témoignent les vestiges de somptueuses domus, édifiées dans des cités à vocation balnéaire ou thermale, qui ont été fouillées par les archéologues. La liste des personnalités évoquées inclut Pompée, le général (et pas seulement gourmet) Lucullus, Cicéron, César, Auguste, Tibère qui possédait plusieurs villas à Capri, Néron, instigateur du meurtre de sa mère Agrippine la Jeune, et plus tard, deux figures imprégnées de philosophie grecque, les empereurs Hadrien et Marc-Aurèle. Plusieurs courts chapitres traitent de l’éruption du Vésuve, catastrophe survenue en 79 après J.-C. : Pompéi est ensevelie sous la cendre, Herculanum sous la lave, d’autres villes connaissant un sort similaire. Le grand savant Pline l’Ancien, amiral de la flotte impériale de Misène, qui s’était porté au secours des habitants, y trouva la mort.    

En parallèle à la mention de grands du monde romain, on discerne aussi sous la plume de Yann Le Bohec, la foule des anonymes, travailleurs des champs, des ports et des villes : paysans, pêcheurs, artisans, marchands, esclaves, gladiateurs et prostituées, travaillant ou fréquentant les marchés, les temples, les thermes, l’amphithéâtre ou les lupanars… La Campanie, ce paradis des Romains, renommé pour son art de vivre, ses paysages et la douceur de son climat, est devenu au fil du temps l’un des paradis des archéologues. Les fouilles, débutées il y a des siècles avec les buts et les moyens d’alors, se poursuivent d’année en année avec les méthodes scientifiques de l’archéologie moderne.

Quatrième de couverture

Pour évoquer, s’il en était besoin, les trésors de cette époque perdue, le choix de Catherine Wiborg comme illustratrice de ce petit livre d’art et d’histoire qui se lit tout seul (et peut loger dans un sac de voyage) se révèle très pertinent. Plus d’une centaines de dessins et de peintures : portraits, statues, animaux, plantes et fleurs, bâtiments, … viennent éclairer, « enluminer » le texte de Yann Le Bohec. Le futur lecteur ne pourra que se réjouir du choix de l’éditeur. Ajoutons que Catherine Wiborg, peintre, est aussi romancière et qu’elle travaille sur de nouveaux projets.

Jean-Paul Brethenoux

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