Les Chevaliers de la Table Ronde / édité, traduit et préfacé par Emanuele Arioli. Paris : Éditions du Seuil, 2024. 206 p.

Les Éditions du Seuil ont publié en octobre 2024 un nouveau livre d’Emanuele Arioli. Cette publication très soignée, érudite et accessible à un large public se présente sous la forme d’un beau livre, abondamment illustré d’images et d’enluminures du XVe siècle, contemporaines du manuscrit 4976 de la Bibliothèque de l’Arsenal, relié aux armes de la reine Marie-Antoinette.
Il s’agit selon Emanuele Arioli d’une véritable « encyclopédie des chevaliers de la Table Ronde », illustrée d’écus surmontés de heaumes à cimier, de blasons et de portraits en pied des chevaliers. 174 noms ont été retenus, incluant des rois et des chevaliers de la génération antérieure, celle d’Uther Pendragon, père d’Arthur.

Précédé d’une préface divisée en courts chapitres, l’Armorial de la Table ronde est suivi d’annexes : extraits d’un traité sur les devoirs des chevaliers, petit glossaire d’héraldique médiévale… Ces documents conçus à la fin du Moyen-Âge (entre les batailles d’Azincourt et de Marignan) peuvent être vus comme un chant du cygne de la chevalerie. Celle-ci, qui a perdu de son importance militaire, survit idéalement dans des tournois, tenant dans l’esprit des participants et des mécènes organisateurs, autant de la nostalgie que de la reconstitution d’une geste mythique, mille ans environ séparant l’époque du roi Arthur de cette fin du XVe siècle, qui a vu l’impression du chef-d’œuvre posthume de Thomas Mallory, Le Morte d’Arthur.
Le lecteur va retrouver bien des figures connues par la lecture des romans médiévaux ou à travers le regard facétieux d’Alexandre Astier : Lancelot, Gauvain, Bohort, Perceval,… mais aussi plein d’autres chevaliers. Outre Ségurant le chevalier au Dragon et son ami Dinadan, il y a beaucoup de chevaliers venant d’Orcanie, de Galles, d’Écosse, d’Irlande, de Petite Bretagne et de Gaule, Benoïc, Gaunes, La Terre Déserte, mais aussi d’Aragon, de Galice, de Hongrie, du Danemark… On rencontre aussi parce que l’univers arthurien est quelque peu cosmopolite, un chevalier venu de Rome, un autre de Phrygie, de Perse et même des Sarrazins tels que les fils de d’Esclabor le Méconnu : Palamède, rival malheureux de Tristan et son frère Saphar.
Jean-Paul Brethenoux