Spartacus, chef de guerre / Yann Le Bohec. Tallandier, 2016 (L’Art de la guerre)
Répondant « à la seule question qui justifie le métier d’historien : qui a fait quoi, où et quand ? », Yann Le Bohec publie une courte biographie de Spartacus, aussi documentée qu’agréable à lire. Né en Thrace (l’actuelle Bulgarie) vers 93 avant notre ère, Spartacus est capturé lors d’une razzia. N’ayant pu faire valoir son statut d’homme libre devant un tribunal à Rome, il est vendu à une école de gladiateurs à Capoue, en Campanie.
Durant l’été 73, Spartacus prend la tête d’une révolte servile, qui devient une insurrection. Il se révèle un redoutable chef de guerre, capable d’organiser des bandes d’esclaves issus de différents peuples : Thraces, Gaulois et Germains…, en une armée structurée à la romaine : infanterie lourde avec enseignes et cors, troupes légères et cavalerie.
Comme leurs adversaires romains, les insurgés commettent toutes les atrocités liées à la guerre. Ceux qui ont pillé et ravagé l’Italie, anéanti cinq légions (soit 25 000 hommes) et fait trembler Rome et son Sénat, sont vaincus en 71 avant notre ère. Spartacus meurt les armes à la main. Six mille prisonniers sont crucifiés sur la voie Appienne, entre Rome et Capoue, sur l’ordre de Crassus.
Loin du héros proto-communiste du roman d’Howard Fast, incarné par Kirk Douglas dans le film de Stanley Kubrick, Yann Le Bohec, se tenant au plus près des sources, restitue la figure ambiguë d’un Spartacus, chef de guerre. Le célèbre gladiateur n’aurait pas voulu abolir l’esclavage, mais aurait lutté âprement pour sa propre liberté et son retour en Thrace.
Jean-Paul Brethenoux